Paris, 8 juillet [1880], jeudi matin, 6 h.
Cher bien-aimé, je ne sais pas ce qu’a été ta nuit, mais je souhaite que ton petit somme du matin lui fasse une nuit à rallongea. Quant à moi, j’ai dormi presque tout d’une traite depuis le moment où je me suis couché jusqu’à présent. Aussi je me sens une vraie bonne femme… et autre, comme dit le bon Lesclide. Et à ce propos, je compte lui écrire à cet excellent homme, de venir dîner avec nous ce soir avec ses deux amis Mendès et Gassier ; cela garnira un peu notre table un peu trop clair entourée par les trois Lusignan et [illis.] et nous deux. J’espère que le Garin du théâtre français, qui nous a déjà pris pour ce soir le plus cher et le plus précieux de notre personnel du jeudi, nous laissera au moins celui-là. En attendant que la chose se décide, j’ai reçu un petit mot de ta princesse qui accepte avec empressement ton invitation pour ce soir ainsi que son mari et son archevêque de beau-frère [1]. Tu trouveras un courrier assez intéressant et non moins intéressé, tu en jugeras par toi-même en le lisant tantôt. Tâche de m’aimer un peu et de ne pas trop coquetter avec ton unique princesse ce soir si tu ne veux pas que je te tue.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 182
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin
a) « ralonge ».