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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 juin [1849], samedi matin, 11 h. ¾

Si tu dois assister aujourd’hui à ton banquet, mon cher petit homme, il serait temps que tu viennes me voir, à moins que ce ne soit un parti pris chez toi de ne me donner que quelques minutes par jour y compris les fêtes et les dimanches pendant toute l’année. Je ne voudrais pas te tourmenter injustement, mon bien-aimé, et ajouter un ennui de plus à tous ceux qui t’assiègent, et pourtant il m’est bien difficile de pousser l’abnégation jusqu’au point de ne pas te parler de moi jamais et ne pas te faire remarquer que ma vie se passe à t’attendre et à t’espérer inutilement. J’ai beau vouloir tourner cette difficulté en m’abstenant de toute allusion à ce triste état de chose que m’a fait ta vie politique, le désappointement douloureux de mon cœur est plus fort que mon courage et fait taire ma résignation. Pour ne pas me plaindre, pour ne pas protester, il faudrait que je ne t’écrive jamais. C’est la seule manière d’empêcher mes doléances d’arriver jusqu’à toi, puisque c’est à peu près la seule communication qui existe maintenant entre nous deux. Si tu le veux, mon doux adoré, je supprimerai ces plaintifs et maussades gribouillis pour t’épargner l’ennui de mes réclamations et de mes désespoirs. Car avant tout, mon Victor, je ne veux pas t’obséder et te devenir odieuse par excès d’amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 181-182
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse
[Souchon]

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