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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19 avril 1859, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour, mon pauvre doux adoré. Comment va ta gorge ce matin ? As-tu bien dormi ? J’espère que le froid hideux de ce matin ne te fera pas de mal, mais il faudra de ton côté prendre toutes les précautions pour t’en garantir. Tu étais presque guéria hier, il faut tâcher de l’être tout à fait aujourd’hui. Quant à moi, je tiens mon eau bouillante et ma moutarde (avant déjeuner) toutes prêtes dans le cas où tu croirais en avoir besoin. Je mets même à la disposition de tes effets hydrauliques tout mon mobilier sans en excepter ma fameuse table en velours pour laquelle je fus si sublimement attendrie hier. Il m’arrive si rarement d’être sur le velours [1] qu’il n’est pas étonnant que j’en sois si rapace. Cela ne m’empêche pas de reconnaître que j’ai été hier à ce sujet complètement stupide, ridicule et méchante. L’aveu de ces trois défauts théologauxb et plus que cela mon regret très sincère et très tendre de t’avoir brutalisé injustement, mon pauvre adoré, m’obtiendront le pardon que je te demande à genoux, je l’espère, j’en suis sûre même et je t’en remercie avec reconnaissance et amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16380, f. 103
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « guérie ».
b) « théologals ».

Notes

[1Être sur le velours : Gagner au jeu.

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