11 avril 1859

Guernesey, 11 avril 1859, lundi, 8 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, l’être de mon être, bonjour de toute mon âme. Comment vas-tu ce matin, mon petit homme ? Avez-vous bien passé la nuit ? Moi, j’ai dormi comme un vrai sabot, aussi je suis très gaillarde ce matin et c’est aujourd’hui le 11 avril, c’est-à-dire le jour anniversaire de ma naissance en l’an…… MOI ET VEUX PAS DIRE. D’ailleurs, chaque année qui me vieillit pour ce monde me rajeunit pour l’autre, donc tout est bien. Hu ra ! ou hau rai ! ou hol rai ! comme disent les Anglais dans tous les tons et à toutes occasions. Vous voyez, mon cher adoré, que, loin de vous soutirer la plus petite CAROTTE à ce sujet, je ne vous ai même pas arraché un brin de chiendent et que je n’ai même pas appelé votre attention sur cette date^a importante [1] (observez), comme disent les annonces des grands journaux guernesiais et jersiais, rédaction PROPRE POUR L’ANGLETERRE. Et à ce propos, je vous ferai remarquer que vous vous êtes trompé dans votre pagination dernière, mais mon INTELLIGENCE ne s’est pas laissée prendre à votre erreur, telle est sa force. Sur ce, baisez-moi et tâchez de venir avec moi tantôt chez tous les Préveraud.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16380, f. 95
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « datte ».