Guernesey, 8 avril 1859, vendredi matin, 7 h. ¾
Bonjour, mon cher bien-aimé ; bonjour avec le souvenir charmant de notre promenade d’hier à travers les belles œuvres de l’art et les grandes choses du bon Dieu. Je te remercie de m’avoir donné cette joie et ce bonheur d’admirer avec toi tous ces beaux tableaux emmagasinés plutôt que classés et montrés, et d’avoir ajouté un bout d’excursion à ce rustique et poétique château de [lierre ?]. J’en suis revenue bien fatiguée mais encore plus heureuse. Aussi, je ne demanderais pas mieux que de recommencer tous les jours si ton travail le permettait et si cela te plaisait. Du reste, nous avons bien fait de profiter de la journée d’hier car voilà le temps brouillé peut-être pour plusieurs jours. D’ailleurs, je suis de celles qui trouvent qu’un bon tiensa vaut mieux que deux tu [l’]auras. Donc, je me déclare satisfaite et reconnaissante de tout mon cœur. J’espère que tu as bien dormi cette nuit, mon cher bien-aimé. Je t’attends pour t’en féliciter et pour te remercier encore une fois de la bonne petite journée que tu m’as donnée hier.
J’ai déjà commandé le déjeuner de RUY. Pauvre bête, il est en ce moment sous mes fenêtres avec sa plaie saignante et horrible. Cela fait pitié et presque chagrin de voir une pauvre bête innocente si fort maltraitée par le sort, par les êtres et par les maîtres. Dis bien à Charles que je ne diminue rien à sa subvention pour lui, AU CONTRAIRE.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16380, f. 92
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « tient ».