Paris, 23 décembre [18]77, dimanche soir, 3 h.
Cher bien-aimé, il faut y mettre bien de la bonne volonté, vraiment, pour trouver le plus petit mot pour rire par ce temps de brouillard, de boue et de fumée. Aussi ne suis-je rien moins que gaie [1], mais je t’aime. C’est tout ce que j’ai de mieux à t’offrir, je le donne, prends-le. En l’absence du couple Lockroy et pour ne pas être seuls à recevoir les trois Lacretelle et les deux Perrin et Ph. Audebrand, j’ai cru devoir inviter les Lesclide, lesquels seront, forcément, délaissés bien des fois à la fin de cette année et au commencement de l’autre. La difficulté de prendre ton avis en temps opportun pour toutes ces choses fait que j’en prends la responsabilité à mes risques et périls. C’est encore cette raison-là qui m’a fait dire à la cuisinière et à Henriette ce matin à propos de leur peu de souci des intérêts de la maison, de leur peu de surveillance constatée par la disparition depuis deux mois de la provision de bois, 1 500 kilos, c’est-à-dire 84 F. de bois pendant deux mois quoiqu’on ait fait très peu de feu dans le salon et dans ma chambre depuis ce temps-là. Elles sont averties que je ne tolérerai pas plus longtemps cette incurie quel que soit le mauvais exemple sur lequel elles s’appuient. Quant à moi, je ne me prêterai pas à ces déprédations aussi [illis.] que bêtes. Cela dit, mon cher affairé, je reviens à mon éternel cliché. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 346
Transcription de Guy Rosa