17 février [1837], vendredi matin, 11 h.a
Bonjour, mon cher bien aimé, tu m’as comblée de joie et de bonheur cette nuit et j’ai dormi bien heureuse. Cependant comme je suis insatiable, j’ai oublié dans mon admiration de te demander une chose à laquelle je tiens beaucoup et que tu ne me refuseras pas quand tu sauras ce que c’est : tu te souviens mon cher Victor que j’ai sous mon oreiller un bon petit livre dans lequel depuis 1835 nos anniversaires sontb constatés ? Eh ! bien il faut que celui-ci qui n’est pas le moins beau, ni le moins heureux des quatrec y soit inscrit tout au long, afin que je puisse embrasser à toute heured du jour et de la nuit mes quatrec belles années, les seules qui comptent dans ma vie de bonheur. Tu entends mon cher adoré, tu ne me refuseras pas cette nouvelle joie qui durera autant que le livre et moi dureront ?
Jour mon Toto.
J’ai lu, j’ai relu, je suis ravie, je suis transportée, je vais relire encore, je vais COPIRE. Tu es bien toi, va, de m’avoir permis de garder pour moi toute seule l’original d’une des plus adoraculeuses chosese qui tu aies produites. Tu sens que je n’ai pas la prétention de te faire comprendre comment et pourquoi je trouve cela. Je sais que je n’ai jamais éprouvé plus de transport d’adoration à la lecture d’un de tes chefs-d’œuvre. Je sais que je n’ai jamais senti plus de vénération, d’admiration et d’amour, après m’être rendu compte que tous ces miracles de la pensée et de l’âme venaient de toi.
Je sais que je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16329, f. 175-176
Transcription d’Érika Gomez assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Pouchain]
a) Entre la date et le début de la lettre figurent, ajout d’une autre main, une croix et la mention « origine du Livre de l’Anniversaire ».
b) « son ».
c) « quatres ».
d) « à toutes heures ».
e) « adoraculeuse chose ».