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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 174-175

Mercredi matin, 10 h. ¾

Mon pauvre cher bien-aimé, est-ce que tu serais malade ? Je suis plus que triste de ton absence, je suis inquiète ; tu étais souffrant hier au soir. Mon Dieu, pourvu qu’il ne te soit rien arrivé de fâcheux. J’ai peur de tout, je suppose malgré moi toutes les plus mauvaises choses. Il me semble qu’il n’y a que celles-là qui peuvent t’empêcher de venir me voir, comme si tu n’avais pas tes affaires, ton travail, ta famille. Mais, vois-tu, c’est que je t’aime jusqu’à la déraison. Mon pauvre cher Toto, si je pouvais savoir ce que tu fais, comment tu es, je crois que je supporterais plus patiemment ton absence.
Je me suis levée avec un mal de tête aussi fort qu’hier au soir et que cette nuit. J’ai une addition de maux d’entrailles que je ne saurais comment expliquer si je n’en faisais pas le rapprochement avec une certaine époque. Enfin, je suis très ganache, ce qui m’arrive assez souvent comme tu sais. Mais si le corps est détraqué, le cœur ne l’est pas, je t’en réponds. Il fait bien toutes ses fonctions, vois plutôt : le matin, il t’aime ; à midi, il t’aime ; le soir, il t’aime ; à minuit, il t’aime ; debout ou couché, il t’aime ; éveillé ou dormant, il t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16324, f. 174-175
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

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