Samedi, 10 h. du soir
Mon cher Toto, je ne veux pas t’écrire une longue lettre dans ce moment-ci où tu es occupé si sérieusement.
Je veux seulement te rappeler que je t’aime, que je veux vivre avec toi tous mes jours heureux ou malheureux. Je tâcherai qu’ilsa soient tous heureux pour que tu ne regrettes pas l’association.
Tu as été bien charmant de me donner toute ta soirée hier. Tu l’as été bien davantage en prenant sur ton travail un tout petit moment aujourd’hui. Va, je te sais bien bon gré de toutes les minutes que tu me donnes. Je les convertis en autant de siècles de félicité. Tu vois que je n’ai pas perdu mon temps à chercher la pierre philosophale. J’ai su faire de mon amour, mon bonheur et ma richesse. Je t’aime, oh ! si tu savais comme je t’aime. Je ne sais pas l’écrire mais je le sens bien vivement dans toutes mes veines, dans mon sang, dans mon âme.
Je t’aime, je t’aime, je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16324, f. 160-161
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « il ».