Guernesey, 5 mars 1859, samedi, 8 h. ½ du m[atin]
Bonjour, mon cher bien-aimé adoré ; bonjour et que le bonheur soit avec toi et avec tous ceux que tu aimes. Je crains d’avoir été témoin cette nuit d’un immense incendie à Saint-Sampson [1]. Quand je l’ai remarqué pour la première fois, il était 3 h. du m[atin] et à 4 h ½ la ligne de feu et de flamme ne paraissait pas diminuée, au contraire. Peut-être est-ce quelques travaux ou quelques signaux extraordinaires, mais j’en doute car cela faisait une trop grosse masse de feu et de flamme jaillissante. Pourvu qu’il n’ait péri personne et que le désastre ne pèse pas trop sur ceux qui le supporteront ; tout est pour le mieux, c’est-à-dire pour le moins mal possible, le malheur étant donné. Mes yeux et mon cœur allaienta de ce point enflammé à tes fenêtres obscures et je priais Dieu de te préserver de tout mal et d’avoir pitié des malheureux que je voyais en imagination à travers ce foyer ardent. Que Dieu te bénisse, mon cher adoré, dans ta personne, dans ta famille et dans ton œuvre.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 61
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « allait ».