29 janvier 1859

Guernesey, 29 janvier 1859, samedi matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour et toutes sortes de tendresses avec je ne sais quelle tournure donner à ma sollicitude pour lui ôter ce qu’elle a en apparence de banal et de convenu, mais je ne trouve rien que cette chétive et éternelle formule : comment as-tu passé la nuit ? Ce qui n’empêche pas ce lieu commun d’être l’expression la plus vive et la plus tendre de mon amour tant mon esprit est peu ingénieux à trouver des mots plus choisis et plus éloquents. Comment as-tu passé la nuit est la première question que ma pensée te pose dès que je m’éveille et que je te transmets comme un baiser et comme une caresse, dès que je suis levée, mon cher adoré petit homme. En attendant que tu puisses^a y répondre, je tâche de m’étirer de tous les engourdissements, de tous les torticolis et de toutes les crampes de l’insomnie, ce qui n’est pas facile quand une fois le pli^b en est pris. Et puis je t’attends, je t’espère, je t’aime et voilà ma journée remplie.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 26
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « puisse ».
b) « plis ».