Samedi, 8 h. ½ du soir
Je t’aime mon Victor, je t’aime trop. Je n’ai pas la prétention que tu m’aimes autant que moi, mais je voudrais que tu m’aimes seule. Je crains toutes les cajoleries dont tu es l’objet.
Je voudrais que tu ne voies que moi, que tu n’entendes que moi, que tu n’écoutes que moi. La pensée que tu es en contact avec une jupe quelconque m’alarme et m’attriste. Je ne sais à quelle folie peut me pousser un simple soupçon de jalousie.
Je suis bien malheureuse d’aimer un homme comme toi. Je suis mille fois heureuse de t’aimer.
Juliette
[Adresse]
À toi
BnF, Mss, NAF 16323, f. 161-162
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette