Vendredi soir, 8 h. ¼
J’espère que j’ai eu une fameuse pensée tantôt, hein ? Vous n’avez pas l’air de vous en apercevoira, mais tout l’honneur en est à moi. Quantb au bonheur, je ne suis pas assez égoïste pour le vouloir à moi toute seule, aussi je vous en laisse une part, qui n’est pas lac plus grande parce que vous ne sauriez qu’en faire.
Je suis toute heureuse et toute légère ce soir. Il me semble que je ne touche pas terre. C’est que je ne suis pas encore descendued du ciel où ton amour m’a fait monter.
Je suis bien joyeuse et bien confiante en l’avenir. Tout me sourit ce soir. Nous nous sommes quittés si plein d’amour l’un pour l’autre, et avec la promesse et l’espoir de nous revoir bientôt. Et puis ma fille qui va mieux. Enfin, je suis bien heureuse et c’est à toi que je le dois. Mercie mon adoré, mercie mon Victor. Je t’aime aussi.
Juliette
[Adresse]
À toi mon Victor
BnF, Mss, NAF 16323, f. 135-136
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « apercevoir ».
b) « quand ».
c) « le ».
d) « descendu ».
e) « mercie ».