Samedi soir, 8 h. ¼
Là. Vous voyez bien ce qui est arrivé. Vous me demandez des lettres quand vous n’avez pas le temps, je ne dis pas de les lire, mais même d’y songer. Et puis moi, cela me fait de la peine, parce que je crois que vous ne m’aimez pas. Avec cela que vous avez le courage de passer devant ma porte sans me donner signe de vie, quand vous savez que je vous attends, triste de votre absence, inquiète de ce qui se passe au dehors. Oh ! Vous aurez beau faire, allez, celle-ci est la dernière des dernières que je vous écris jusqu’à ce que vous soyez plus à vous et plus à moi. Je n’ai pas besoin d’écrire à un homme qui ne sait seulement pas si j’existe.
Si vous ne venez pas me chercher tout à l’heure, je serai irréconciliable parce que ce sera votre faute tout à fait. Si au contraire vous venez vite, je n’aurai pas assez de baisers pour en remercier.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16323, f. 67-68
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette