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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mars 1870

Guernesey, 16 mars [18]70, mercredi matin, 7 h.

Je te donne mon bonjour le plus tendre, mon cher bien-aimé, c’est tout ce que j’ai en moi de moins endolori et de moins maussade. J’espère que tu as bien dormi et même que tu dors encore. C’est ce que tu peux faire de mieux par ce vilain temps sale et lugubre. Il n’est pas probable que tes duchesses s’esbignent [1] aujourd’hui. Donc, tu as la chance de les serrer une fois de plus entre tes bras et même beaucoup de fois encore à la queue leu leu, tant elles sont bonnes... duchesses... C’est une façon, comme une autre, de faire de l’éclectisme aristo que Pierre Leroux, le juste et Proudhon, le sévère, approuveraient. Quant à moi, je m’abstiens de tout commentaire. J’ai bien assez de mon amour, comme dit Mlle Bertin. C’est aujourd’hui, ce matin même, qu’on enterre la petite Constantin. J’ai permis à Suzanne et à Henriette d’aller à l’église, comme tu sais, mais je doute qu’elles puissent y pénétrer car il paraît qu’il y aura plus de monde que la chapelle n’en peut contenir. Mais la curiosité l’emportant sur la raison, comme toujours, elles iront malgré cela. Moi, comme toujours, aussi, je reste chez moi à t’adorer immuablement.

BnF, Mss, NAF 16391, f. 76
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1S’esbigner (populaire) : s’enfuir.

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