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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 août 1839

10 août [1839], lundi matin, 8 h. ¾

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon petit homme ravissant. Comment vas-tu ce matin ? Je suis sia heureuse, mon Toto, de la certitude de notre petit voyage que je n’en dors pas. Il me semble que les heures vont plus vite quand je ne dors pas, parce que je m’occupe de nos préparatifs et que c’est charmant. Il fait bien beau depuis quelques jours. Je voudrais, pour que rien ne manque à notre bonheur, que ce temps-là continue jusqu’à notre retour. Va, il n’y a pas de danger que je te demande à sortir pendant que tu travailleras. J’ai bien trop à cœur de ne pas retarder notre bonheur. Je t’aime, mon adoré bien-aimé. Je t’aime tout plein mon âme. Je travaille aussi, moi, dans mon petit coin. Je fais comme vous. Voime, voime. Seulement mes travaux ne me rapportent ni gloire ni profit. C’est toujours ça de GAGNEb. Baisez-moi Toto, je vous aime. Dans un entracte, vous devriez venir déjeuner avec moi et me le lire. Voilà qui serait le comble de l’amour et de la galanterie, mais vous ne le ferez pas. Vous savez si bien que vous êtes adoré que vous vous dispensez de tous les accessoires et de toutes les formalitésc d’amour. Vous vous contentez de quelques rares apparitions et puis c’est tout. Mais je ne veux pas vous grogner, ce n’est pas le moment. J’ai trop de bonheur en VUE pour me plaindre. Jour Toto. Jour mon petit o. Vous êtes mon bien-aimé adoré et adorable.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f° 211-212
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « Je si ».
b) « gagner ».
c) « formalitées ».


10 août [1839], samedi soir, 9 h. ½

Je t’aurais écrit beaucoup plus tôt, mon adoré, sans la visite de la mère Lanvin qui venait m’annoncer une fâcheuse nouvelle pour eux. D’abord ils sont déménagés depuis deux jours et personne ne sait leur adresse attendu que Lanvin a endossé des billets pour la somme de 1500 francs pour le mari de mon ancienne femme de chambre, le frère de Zoé [1]. Bref, le susdit ne peut pas payer et on poursuit les Lanvin ou du moins le Lanvin qui ne sait où donner de la tête car il y a prise de corps contre lui quoique ce soit des billets à ordre. Je te dis tout cela pour t’expliquer l’emploi de mon temps mais comme je te le réexpliqueraia tout à l’heure, je me dispense du reste. Du reste je ne suis pas débarbouillée ni habillée et je suis éreintée de fatigue. Je me suis cognée sur les doigts tant que j’ai pu et j’ai réussi à ne faire que des bêtises. C’est toujours comme ça les jours de grands rangements. Je vous aime mon petit bien-aimé. Je vous adore mon petit homme. Je suis très vexée de ce qui arrive à ces pauvres gens, car outre le malheur qui les frappe, je crains que cela ne nuise à nos affaires personnelles dans le cas où je serais moi-même poursuivie par mes créanciers. Enfin, tu verras ça tout à l’heure, mais c’est toujours bien ennuyeuxb et bien triste pour eux. Aimons-nous mon petit bien-aimé, et soyons notre garantie. Je suis sûre moi du moins de ne pas te faire banqueroute.

BnF, Mss, NAF 16339, f. 213-214
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « rexpliquerai ».
b) « ennuieux ».

Notes

[1À identifier.

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