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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 25 novembre 1860, dimanche soir, 8 h.

Ma restitus, pour être de douze heures en retard, mon doux bien-aimé, n’en est que plus empressée et plus tendre car il n’est au pouvoir d’aucun obstacle, ni de la marche des aiguilles sur le cadran des heures, de m’empêcher de t’aimer moins puisque plus je t’aime et plus je veux t’aimer. ô mon cher adoré, tu ne sauras jamais combien je t’aime à moins que mon âme devienne transparente pour la tienne dans une autre vie, ce que j’espère ardemment. En attendant, j’en suis réduite à me servir gauchement et bêtement des mots vulgaires de tout le monde pour te dire mon amour au risque de l’amoindrir et peut-être de le rendre ridicule. Mais rien au monde ne saurait m’arrêter dans cette profession de foi que je fais devant Dieu et devant les hommes et que mon cœur t’adresse à tous les instants de ma vie. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je voudrais t’en donner une preuve tout de suite et bien convaincante, fût-cea au prix de mon bonheur. Je te supplie, mon cher adoré, de recevoir chez toi ce soir toi-même Mme Engelson et de lui faire les honneurs de ton hospitalité galamment et complètement, dussé-jeb pour cela ne te voir qu’un moment à la fin de la soirée. Ce sacrifice est le plus grand que mon amour puisse te faire et je te le fais sans hésiter car je t’adore et je veux que tu sois heureux et libre.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 303
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « fusse ».
b) « dussai-je ».

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