Guernesey, 18 mai [18]68, lundi matin, 7 h.
Voici d’avance, mon cher adoré, le bulletin de mon cœur, de ma santé et de ma nuit. Je t’aime, je me porte bien et j’ai très bien dormi. J’attends le tien maintenant qui, d’après nos conventions, doit être en double ce qu’est le mien.
Est-ce aujourd’hui que la chaste Suzanne [1] rentrera dans MES MURS ? J’en doute. Au reste, je ne veux plus y penser pour ne pas m’agacer. Je t’adore, je n’ai besoin que de ton amour. Ceci dit, foin des gens, des choses et de TOUT. J’espère que notre promenade les a moins agitésa aujourd’hui qu’hier sans mettre pour cela ce bon, doux et tendre Sénat aux arrêts forcés. À force de lui vouloir DU BIEN, Mme Chenay finit par lui faire tout le mal possible. Son hygiène à rebrousse poil est la chose la plus fâcheuse pour ce pauvre bon toutou qui n’en peut mais. Ma chiennerie à moi, c’est de t’adorer.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 136
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « les a moins agitée ».
Guernesey, 18 mai [18]68, lundi matin, 7 h. ¾
Nuit excellente, santé parfaite, amour rayonnant. Le bonheur sera dans notre réciprocité sur toutes LES LIGNES et je l’attends de votre courtoisie.
Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 137
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette