23 décembre [1835], mardi matin, 10 h. ½
Bonjour, mon adoré, comment vont tes pauvres yeux et ta chère petite gorge ? Comment as-tu passé la nuit ? Tu as beau dire, mon cher bien-aimé, je suis toujours très tourmentée de savoir que tu ne te reposes jamais. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette opiniâtretéa de travail doit amener un jour ou l’autre une maladie dont il me sera impossible de supporter l’anxiété. Juge d’après cela si je dois être inquiète, et si mes prières ne méritent pas la peine que tu les écoutesb en cessant au moins pendant quelques jours de te fatiguer comme tu le fais depuis plus de trois mois.
Vois-tu, mon chéri, voilà comment il faudrait faire d’abord : ne rien acheter de ce dont nous étions convenus. Je t’en serais bien reconnaissante et je t’en remercierais nuit et jour, dans mes caresses et dans mes prières.
Voilà, mon cher petit bien-aimé adoré, ce que veutc, ce que demande votre Juju. Accordez-le lui rien que cette fois seulement. Et puis ce sera tout. Elle ne vous demandera jamais plus rien que votre amour auquel elle ne renonce ni dans ce monde, ni dans l’autre.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16325, f. 252-253
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « cette opiniâtretée ».
b) « tu les écoute ».
c) « veux ».