Guernesey, 27 janvier [18]70, jeudi après midi, 2 h. ½
Je t’aime. Tout mon courage, toute ma force, toute ma joie et tout mon bonheur est contenu dans ces sept lettres : JE T’AIME. Le cercle des embêtements de domestiques à beau se serrer de plus en plus autour de moi, je fais face à tout... avec l’aide de Suzanne, bien entendu. Aussi ai-je défendu à la bonne Mariette de venir servir ce soir ni demain enfin pas avant qu’elle soit tout à fait remise de son indisposition. Donc c’est convenu nous ferons Da Se [1] ce soir et tous les autres jours s’il le faut. Je viens de copier ta lettre au grammairien philologue [2]. Tout à l’heure je me débarbouillerai et s’il me reste encore un peu de temps après tout mon travail fini, je m’emploierai non en fondation pieuse, mais à lire la fin de mes deux Rappel. À propos de fondation pieuse, je n’ai plus le sou. Apporte m’en sans faute demain c’est-à-dire AUJOURD’HUI après avoir lu mon informe gribouillis. D’avance merci. Aime-moi, je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 28
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette