Guernesey, 27 avril [18]68, lundi, 7 h. du matin
Je t’envoie mon bonjour le plus tendre, ma nuit la meilleure et ma santé la plus crâne en échange des tiens, mon cher, cher, cher bien-aimé. Il y a déjà longtemps que je suis levée mais la pauvre petite Griffon dormait d’un si bon cœur que je n’ai pas eu le courage d’ouvrir les volets avant sept heures pour ne pas la réveiller trop tôt, ce qui ne m’a pas empêchée de donner le dejeûner à Gavroche et à Fouyou ce matin. C’est aujourd’hui, SANS REMISE, que nous reprenons notre bonne petite collation, Madame Chenay et moi [1]. Tu voudras bien le lui demander tantôt pour moi. Tu serais bien gentil de penser aussi à apporter du papier à lettresa et à RESTITUS parce qu’il n’y en a plus que quelques petits morceaux de l’un et de l’autre. Je crois que bientôt nous allons pouvoir reprendre nos promenades à pied, en voiture, n’importe comment. Pourvu que je sois avec toi, c’est le bonheur. En attendant, je t’aime de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 116
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « papier à lettre ».