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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 mai 1840

11 mai 1840, lundi soir, 7 h. ¾

J’envoie ma pensée, mon cœur, mon âme partout où tu es mon adoré pour te dire que je t’aime et que tu es ma vie. Ma vie un peu triste, quelquefoisa, mais souvent joyeuse et rayonnante et toujours pleine d’amour. Pense à moi mon Toto et regrette d’avoir été injuste et grimaud tantôt avec ta pauvre Juju. Si tu fais cela je le sentirai et mon pauvre cœur se dilatera et mes lèvres souriront, et mes yeux brilleront. Je t’écris après mon dîner parce que la mère Pierceau avait avancé son heure aujourd’hui. Si tu m’en avais laissé le temps j’aurais emporté de l’ouvrage, ce sera pour un autre jour. Je l’ai priéeb de remettre les deux volumes chez [Le Caventou  ?], elle m’a promis qu’elle irait demain. Je voudrais bien aussi que ce fût demain jour de culotte mais nous n’y sommes pas tant s’en faut. Enfin c’est égal il y a l’espoir c’est toujours quelque chose, surtout en amour c’est bien souvent le tout que l’espoir du bonheur. Je m’explique mal mais je sens ce que je veux dire et cela me suffit. Baisez-moi mon amour et regardez un peu moins les petites toupies d’omnibus. Je voudrais être à ce soir pour vous servir et pour admirer votre charmante petite tête. Je voudrais être à demain pour avoir à déjeuner. Je voudrais être à bientôt pour copier des bonnes petites choses de vous. Je voudrais être morte pour que vous me regrettiez. Car vous me regretterez, mon Toto, je le sais bien moi. En attendant ne soyez pas trop méchant pour moi et laissez-moi être triste quand vous me grondez et joyeuse quand vous me souriez et surtout laissez-moi vous adorer toujours. Je vois à peine à finir ma lettre cependant je ne veux pas faire allumer de chandelle pour ce petit bout-là. Ce que j’ai à vous dire d’ailleurs sec dit aussi bien dans l’obscurité qu’à la clarté du soleil : Toto je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16342, f. 135-136
Transcription de Chantal Brière

a) « quelques fois ».
b) « prié ».
c) « ce ».

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