Paris, 13 juillet 1881, mercredi midi
Cher bien-aimé, je veux te porter ma restitus et je brûle d’impatience de savoir comment tu as passé la nuit et comment va ta tête, ton œil et ton enrouement. J’ai tant de petits riens indispensables à faire tous les matins que je n’en finis pas. Puis j’ai eu la visite d’Ottilie, ma nièce, celle de Petite Jeanne qui venait savoir de tes nouvelles et me dire qu’ils allaient déjeuner à la campagne et probablement y dîner aussi, et enfin celle de Lesclide que j’ai invité à dîner pour ce soir Mme Amet d’Abrantès [1] t’a écrit pour te prier de la recevoir d’urgence aujourd’hui et je lui ai fait dire de venir de deux à trois heures. La journée menace d’être au moins aussi chaude que celle d’hier, heureusement tu n’as pas besoin d’aller au Sénat avant après-demain vendredi à 2 heures.
J’ai été témoin de la joie des ouvriers qui ont posé les plaques et les numéros de ton avenue [2] à la réception de ton magnifique pourboirea de cent francs que j’ai enregistrés séance tenante à la recette et à la dépense en y ajoutant tout mon cœur et toute mon âme comme chiffres additionnels avec lesquels je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 156
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « pour boire ».