Paris, 24 déc[embre] [18]79, mercredi soir, 6 h. ¼
Cher adoré, puisqu’il m’a été impossible de commencer ma journée par toi, c’est bien le moins que je la finisse par toi. C’est à mon cœur défendant que je suis forcée de désheurer ma pauvre petite restitus qui n’a pas d’autre mérite que de t’être servie chaude avant l’heure de tout le monde. Aujourd’hui tous mes arias quotidiens se sont compliqués de mon bain dont j’avais le plus grand besoin et qui m’a fait très grand bien. Est-ce bien le bain ? Est-ce l’approche de ma petite lettre ? [1] Est-ce Pologne ? Est-ce folie ? [2] C’est tout cela à la fois avec mon amour par-dessus le marché. Depuis que tu es rentré dans ta chambre j’ai écrit trois lettres : une à Louis Leroy pour le prier de nous rendre hier, soit après demain, vendredi, ou le 29 courant, lundi ; j’ai écrit aussi aux deux Rivet pour ce jour-là et enfin pour prier Robelin de permutera le dimanche qui est toujours fort rempli à cause de Meurice et de Saint-Victor souvent avec le vendredi ou le lundi de chaque semaine à son choix. Tu vois que rien n’est telle qu’une vilaine qui se met en verve d’écrire [illis.]. Dieu sait que ce n’est pas par goût, oh ! non ! non ! non ! non ! non ! Toi seul, et c’est assez [3], a le don de mettre mes pattes de mouche en branle. J’ai même beaucoup de mal à les retenir tant elles sont impatientes de courir vers toi que j’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 312
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « permutter ».