Paris, 20 décembre 1879, samedi soir, 6 h. 25
Cher bien-aimé, il me serait trop dur de passer la journée entière sans te donner ma restitus laquelle attend toujours impatiemment que ton coche fournisse sa course tous les jours. J’ai passé ma matinée tout entière à déblayera mon secrétaire et à trier les lettres et les factures, et ce soir je viens de compter avec la cuisinière ce que je n’avais pu faire ce matin. Maintenant je me dépêche à faire mon gribouillis avant l’arrivée du coiffeur. Tu vois que je ne perds pas de temps. Heureusement que tout ce fouillis d’occupations diverses n’empêcheb pas mon cœur de battre et de t’aimer à triplec carillon et ma pensée de t’admirer et mon âme de te bénir. Demain si tu donnes suite à ton projet d’assister à la réunion de la commission pour le monument de Rabelais [1] je t’y accompagnerai et je t’attendrai. Si tu préfères à cela une promenade en voiture je serai prête à l’heure que tu voudras. Pourvu que je sois avec toi et que je croie que tu m’aimes tout m’est bon, le coin du feu ici et la neige partout. Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 309
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « déblaier ».
b) « ne n’empêchent ».
c) « tripple ».