Paris, 31 mai 1881, mardi matin, 8 h.
Pas de chance, mon grand petit homme, j’avais résolu de m’indulger en restant tard au lit ce matin mais les ouvriers, le diable et son train s’y sont tout à fait opposés et je crains qu’il n’en soit de même pour toi. Pour m’en consoler je viens reprendre vie et courage dans ma chère restitus et dès que j’aurai expédié mes affaires de ménage je me mettrai « d’autor et d’achar », comme disait ton cher fils Charles, à ma chère lecture des QUATRE VENTS DE L’ESPRIT [1]. Et à ce propos, j’ai reçu une lettre de Jules Lafitte, rédacteur en chef du Voltaire, qui se plaint d’avoir été oublié dans l’envoi des bonnes feuilles de ton livre qu’on fait d’habitude la veille de l’apparition d’un livre à tous les journaux. Il me prie de te demander si c’est que Le Rappel le traite en ennemi ? Tu verras ce que tu auras à lui faire répondre. En attendant il t’envoiea ses plus vifs remerciements pour les deux volumes qu’il a reçusb hier. Et moi je te renouvelle les miens pour cela, pour l’amour que tu m’inspires, pour l’admiration que je te dois et que je te paie en adoration et avec bonheur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 118
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « envoi ».
b) « reçu ».