Paris, 23 février 1881, mercredi midi
Cher bien-aimé, le temps, assez grimaud jusqu’ici, commence à s’humaniser aimablement dans un doux rayon de soleil plein de bonnes promesses pour dimanche [1]. J’irai tout à l’heure te porter la lettre de Paul Foucher remplie de détails intéressants sur ta fête. J’ai vu en outre Lesclide auquel j’ai donné une centaine de lettres venues depuis hier soir, tout en réservant, pour te les lire tantôt, celles qui demandent une réponse immédiate pour des en-têtes d’articles sur toi devant paraître dimanche avec un autographe de toi si tu veux bien le donner.
Petite Jeanne est toujours languissante et sans appétit aucun. Émile Allix qui n’est pas venu hier, ce qui prouve qu’il n’est pas inquiet, doit dîner ce soir avec nous et nous dira au juste ce qu’il pense de cette petite indisposition prolongée. Quant au Sénat, toi seul en décidera, moi je me fais prête pour tout ce que tu voudras y compris de t’adorer si tu y consens et même si tu n’y consens pas.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 39
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette