Paris, 12 février 1881, samedi midi
In haste [1], mon grand bien-aimé, avant que Mme Lockroy ne soit descendue déjeuner, je te bâcle ma bonne petite restitus toute hérissée de tendresses impatientes de voler vers toi. Il me semble que tu as eu une assez bonne nuit, quoique tu n’aies pas voulu ton lait ce matin, peut-être à cause de cela. Quoi qu’il en soit, je persiste à croire, parce que cette pensée me plaît, que tu as bien dormi cette nuit.
Ton courrier ce matin est plein de demandes d’autographes et de tes livres pour les bibliothèques populaires. Tu as aussi le télégramme de Oudet qui te demande la permission de ne pas avoir l’honneur de dîner avec toi ce soir pour pouvoir assister à la convocation de la réunion qui doit avoir lieu à la même heure rue Cadet pour s’entendre sur la fête que Paris veut te donner le jour anniversaire de ta naissance [2]. Je trouve la raison bonne et je lui accordea de moi-même la permission de brûler la politesse à mon gigot ce soir. Entre-temps, comme disent les bons Belges, il neigeoteb quoiqu’il fasse soleil.
Cependant, si tu le veux bien, nous pourrons faire une bonne petite promenade après déjeuner. Est-ce dit ? Tope-là. Sinon, tape-moi car je t’adore dans tous les cas.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 24
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « accordes ».
b) « neigeotte ».