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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 24 août [18]79, dimanche matin, 5 h. ½

Ce n’est pas, je t’assure, pour voir se lever cette aurore presque aussi malade et aussi maussade que moi que je suis sortie de mon lit bien avant l’heure ce matin, mais par lassitude d’une impitoyable insomnie qui ne m’a pas permis, même, de fermer les yeux de la nuit. J’ai besoin pour me réconforter de penser que tu vas passer huit jours heureux avec ton bien-aimé ami Paul Meurice chez lui à Veules loin de tous les ennuyeux de Paris et des complications oiseuses de la vie domestique. Je suis sûre que, outre le bonheur que tu en ressentiras, le changement d’air et d’habitude, en même temps que le repos relatif et forcé qui s’imposeront à toi te feronta le plus grand bien. Peut-être, même, et je le désire de toute mon âme, ton sommeil se replacera-t-il de lui-même dans des heures plus normales. En attendant je te signale, en étant priée par Alexandre Rey, le discours qu’il a prononcé à Belgentier [1] où il passe en revue toutes les illustrations de ce temps-ci avec plus ou moins d’à-propos. Voici ce qu’il dit de toi : « Nommons, – et c’est nommer la gloire en personne, c’est nommer aussi une des plus vives sympathies du département du Var, nommons le plus grand poète du siècle, Victor Hugo, dont l’œuvre immense étonne par sa puissance, par la variété de l’invention dans tous les genres, Victor Hugo, qui a reculé en art les limites de l’idéal, et qui n’est descendu de cet idéal que pour apporter dans la politique les grandeurs absolues de la pensée comme les aphorismes de la pratique sociale, Victor Hugo, dont le glorieux exil fut, en stoïque courage en labeur fécond, en génie, la contrepartie la plus accusatrice, la plus vengeresse, de tout ce qui caractérise le dernier règne napoléonien ».
Cette citation m’a fait du bien et je remercie particulièrement l’auteur de m’avoir donné la douce mission d’appeler ton attention sur elle. Maintenant que c’est fait, je peux t’épargner toutes les autres choses dont mon cœur est plein et dont tu n’as que faire.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 209
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « ferons ».

Notes

[1Commune du Var, département dont Alexandre Rey est préfet de 1877 à 1880.

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