7 juin [1841], lundi soir, 8 h. ¼
Ma pendule avance [1], mon amoureux, mais vous vous retardez selon votre louable habitude. Nous sommes sous les armes [2] et nous avons dînéa depuis assez longtemps. Voici Claire qui me dit que vous arrivez. J’en suis bien aise et je remets à (…)
8 juin [1841], mardi matin, 10 h. ½
Je finis ma lettre ce matin, mon amour, après une nuit et une soirée d’intervalle. Depuis ce temps j’ai parcouru toutes les phases de ma vie sans en laisser une seule : t’aimer, t’admirer, t’adorer, te regretter, te désirer et t’aimer. Tu vois que j’ai accompli ma révolution comme un soleil que je ne suis pas. Je voudrais bien te voir, mon amour, j’ai faim et soif de toi. Ma fille n’est pas encore partie quoiqu’elle soit prête depuis huit heures du matin. Je vais profiter de ce qu’elle est là pour la faire déjeuner avec moi. Je t’écrirai après ma lettre quotidienne, celle-ci n’est qu’une dette que j’acquitte.
Je t’aime, mon Victor bien-aimé, je t’aime. Mon Dieu, que tes enfants sont ravissants, j’en raffole [3]. Je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16345, f. 233-234
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette
a) « dîner ».