Guernesey, 7 juillet [18]67, dimanche, 6 h. ¾ du m[atin]
Bonjour, mon grand adoré, bonjour et bonheur si tu as passé une bonne nuit et si tu m’aimes comme je t’aime, c’est-à-dire de tout ton grand cœur. Moi j’ai passé une nuit quelconque sans savoir pourquoi. Aussi je m’en fiche absolument.
Le temps continue d’être, lui aussi, assez quelconque. Il fait un brouillard à ne rien distinguer au-delà de mon mur. On dirait une matinée de novembre. Heureusement que ces caprices barométriques durent peu dans ces parages-ci. Et il n’y a pas de raison pour qu’il ne fasse pas un temps splendide à trois heures. Que tu es bon, mon adoré bien-aimé. Que tu es plus que bon pour moi en particulier. Je ne saurai jamais te dire à quel point je suis touchée, reconnaissante, heureuse et ravie de tout ce que tu fais pour moi. Si je pouvais t’en aimer davantage, je le ferais. Mais le moyen d’aimer plus plein que son cœur et que son âme, je ne le sais pas. Je t’adore. Voilà tout.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 180
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette