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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 février [1836], samedi matin, midi ¼

Je ne t’avais pas encore écrit, cher ange, lorsque tu es venu pour la seconde fois de ce matin, empêchée que j’étais par l’excessif mal de tête et de gorge que j’avais. Je ne veux pas déjeuner avant d’avoir dit mon petit bénédicité d’amour.
Je t’aime mon Victor, il n’y a pas une seconde de ma vie où je ne le sente. Je t’aime avec tout mon être, bon et mauvais, bête et intelligent, avec la chair et le sang, avec l’âme et le cœur. Tu es bien bon d’être venu ce matin et tout à l’heure, je voudrais être toujours malade pour avoir tous les jours le même bonheur. Mais je vous défends de sortir par le froid qu’il faita avec votre petite redingoteb de MUSCADIN. Je veux que vous endossiez la redingote ACADÉMIQUE pour mettre à l’abri vos jolis petits abattis d’aigle, et puis parce que vous serez moins fringuant et moins coquet à l’œil de la grisette parisienne. C’est bien assez que je ne puisse pas vous empêcher de regarder tous les mollets plus ou moins bien tirés.
Je vous aime vous savez.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 123-124
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

a) « qui fait ».
b) Juliette écrit « redingotte », comme Hugo.


20 février [1836], samedi soir, 9 h. ½

Mon cher petit homme, le besoin de te dire que je t’aime l’emporte sur tous les frissons et tous les bobos intérieurs et extérieurs. Tu as été si bon tout à l’heure qu’il faut bien que je t’en remercie avec l’âme, ne pouvant te donner des marques de reconnaissance plus palpables. Depuis que tu m’as quittée, j’ai reposé un peu sans que cela m’ait apporté grand soulagement. Cependant, je persiste à croire qu’il n’y a rien de sérieux dans mon indisposition et qu’un jour entier de repos me libérera de toutes ces petites chipoteries qui m’obsèdent depuis quelques jours.
Décidément vous êtes mon grand, mon beau, mon noble et bien aimé Toto, je ne sais pas si vous le savez mais il y a longtemps que cela est.
Cher petit homme chéri, je vous baise de tout mon cœur où que vous voudrez pourvu que ce soit un morceau quelconque de votre individu non ACADÉMIQUE.
À bientôt TO TO.
Il est déjà bien tard, je vous aime vous savez.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 125-126
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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