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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 4 novembre 1862, mardi, 1 h. après midi

Décidément, mon cher bien-aimé, Dieu ne veut pas que je fasse visite à Mme Corbin car il fait pleuvoir juste à propos au moment où je me dispose à aller voir cette Madame. Au fond je n’en suis [pas] fâchée, et mon pied non plus car il n’est rien moins que guéri [1]. Cependant, le désir de faire une petite promenade avec toi, sous prétexte de corvée de la mère Corbin, m’avait décidée à braver une petite douleur pour un grand plaisir ; mais la pluie ne se prêtant pas à cette charmante combinaison, force m’est de rester chez moi et d’ajourner aux calendes grecques ma visite officielle. D’ailleurs il fera peut-être beau jeudi. En attendant, je repose mon vilain pied qui fait semblant d’aller mieux une heure et pire un moment après. Je pense avec un bonheur inexprimable que tu m’appartiens toute la soirée d’aujourd’hui et qu’il ne tiendra qu’à toi que je sois la plus heureuse des femmes. Il suffira pour cela de ton regard, de ton sourire, du doux son de ta voix pour que toute mon âme éclate en joie et en tendresse.

J.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 230
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

Notes

[1Juliette souffre de la goutte.

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