Guernesey, 3 mai 1862, samedi matin, 8 h.
Bonjour, mon tout adoré. Bonjour, de tout mon être à la fois, bonjour. Je regarde aux quatre points cardinaux pour appeler les bonnes nouvelles et pour renvoyer les mauvaises, s’il y en a, et qu’elles ne t’arrivent jamais. Je te remercie, mon cher bien-aimé, d’avoir parlé de moi à ton Charles hier. Tout ce que tu peux lui dire de ma tendresse, de mon dévouement et de ma sympathie pour lui sera toujours dépassé dans mon cœur, tant j’ai besoin d’aimer tous les êtres qui te sont chers. Cela ne veut pas dire que, personnellement, n’eût-il pas l’honneur et le bonheur d’être ton fils, qu’il n’en serait pas moins un être choisi, charmant, plein de cœur et doué de tous les dons physiquesa et moraux, de même que tous tes autres adorables enfants. Il ne manque à ce bon et brave Charles, pour être complètement parfait, que d’être auprès de toi, et j’espère qu’il y reviendra de lui-même, et bientôt, et beaucoup plus tôt qu’on ne pense. En attendant, tu fais tout ce qu’il faut pour l’attirer et son cœur doit en être pénétré. Moi je t’admire, je te bénis, je t’adore et j’appelle près de toi tous ceux qui t’aiment.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 112
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « phisiques ».