Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1837 > Août > 8

8 août 1837

8 août [1837], mardi soir, 10 h. ½

Cher bien-aimé, je n’ai pas l’espoir de te voir ce soir, et je me résigne en pensant que bientôt nous n’allons plus nous quitter pendant un bon bout de temps. Je comprends d’ailleurs qu’à la veille de partir tu as le besoin de rester dans ta famille, sans compter les affaires de toutes sortes que tu as entre les jambes. Je ne t’attends donc pas ce soir, mais demain matin ou cette nuit je voudrais bien être réveillée pour vous. Eh bien, j’ai pris mon bain ! Il est arrivé derrière toi. J’y suis restée jusqu’à 8 h. ¾ de sorte que lorsque les Lanvin sont venus à 9 h. du soir pour prendre leur femme nous nous mettions à table. J’ai été obligée de les inviter à en faire autant comme tu le penses bien. Au reste je suis enchantée d’avoir mis fin à toutes les dépenses que je faisais depuis quelques jours. À partir de ce soir il n’y a plus qu’un cabas à acheter et le mois de nourriture de la bonne et du chat à donner. Mais il était temps, vraiment, car c’était hideux à voir. Pourtant je t’assure mon bonhomme que je n’ai acheté que le stricta nécessaire. N’oublie pas de m’apporter le plus tôt possible ton paquet afin que je termine le plus ennuyeuxb des ennuyeuxb préparatifs de voyage. J’ai donné à Mme Lanvin de quoi acheter un bouquet à Mme Krafft avec une lettre. Il serait bon, si tu pouvais prendre sur toi d’y penser, que tu donnasses ses livres à relier avec son adresse pour les lui porter. Je pense qu’il n’y aura eu aucun malentenduc pour mon passeport. Dans tous les cas il ne serait pas de moi. C’est une consolation mais j’aime mieux n’en avoir pas besoin. J’ai cacheté l’argent comme tu me l’avais dit et puis j’ai bien pensé à toi et puis je t’aime de toute mon âme. Soir pa, soir man. Tâchez de venir cette nuit ou au moins demain matin. Je t’aime tant. Tu es si charmant à voir, si bon à toucher et si ravissant à entendre que je ne peux pas m’en lasser. Je vous aime vieux Toto, voilà ce que ça veut dire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16331, f. 157
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « stricte ».
b) « ennuieux ».
c) « mal entendu ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne