18 février 1862

Guernesey, 18 février 1862, mardi matin, 8 h.

Bonjour, mon doux adoré, bonjour, amour, santé, gloire, bonheur, bonjour, je t’adore. J’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu recevras de bonnes nouvelles de tout le monde aujourd’hui. En attendant, je t’en donne des miennes, de NOUVELLES, qui sont que j’ai dormi comme un sabot, que je me porte comme un charme et surtout que je t’aime comme si chaque année, chaque jour, chaque heure de nos vingt-neuf ans d’amour avaient ajouté une âme de plus à mon âme et grandi mon cœur d’autant. Ce n’est pas une image, mon cher adoré, c’est la sensation vraie de ce que j’éprouve. J’ai couché mon cher petit livre rouge avec moi, comme d’habitude et chaque fois que je me réveillais, je le caressais de la main et je le baisais de la pensée. Ce cher petit livre est devenu mon GRAND LIVRE. C’est là que je thésaurise et que tu places^a tous mes trésors d’amour. Aussi, juge de quel intérêt il est pour moi. Je ne le donnerais pas pour tous les millions de toutes les Banques du monde entier car c’est toute la fortune de mon cœur et la richesse [illis.] de mon âme. Merci, mon adoré, merci de m’avoir donné par avance toutes les splendeurs qu’on ne trouve qu’au ciel, merci, je te bénis, [illis.] adoré.

BnF, Mss, NAF, 16383, f. 44
Transcription de Marie Rouat assistée de Chantal Brière
[Souchon, Massin, Pouchain]

a) « place ».