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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 février 1862, vendredi matin, 8 h. ½

Cher adoré, je viens de vous saluer dans votre grand uniforme d’Adam et je dois avouer que cette TENUE vous va fort bien, mais je doute que vous trouviez sous cette latitude, et par cette température d’ours blanc, une Ève qui consente à vêtir son habit de gala pour être à l’unisson avec vous ce matin. D’y penser cela vous en fait venir la chair de poule. Mais tout cela ne me renseigne pas sur ta nuit et ne me dit pas comment tu vas ce matin. Ça serait pourtant bien bon d’être sûre que tu as bien dormi toute la nuit et que tu te portes à souhait aujourd’hui. Faute de mieux j’espère que tu ne souffres pas et que ta nuit a été très bonne et puis je n’oublie pas notre chère petite promenade de tantôt. Pour cela je n’ai pas de temps à perdre. Quand je suis prévenue d’avance je suis toujours sûre d’être prête à l’heure, en revanche les improvisations me trouvent souvent en défaut. C’est ce qui m’est arrivé hier, à mon grand regret. Quelle pauvre restitus je te gribouille ce matin, mon pauvre adoré, on dirait que mes pattes de mouches et ma pensée sont prises dans des étoupesa et n’en peuvent pas sortir. Heureusement qu’il suffit d’un mot pour dire tout mon cœur et d’un seul baiser pour te donner toute mon âme.

BnF, Mss, NAF, 16383, f. 40
Transcription de Chantal Brière

a) « étouppes ».

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