Paris, 13 juillet 1882, jeudi matin, 8 h.
Le temps s’est mis au beau, mon grand petit homme, c’est bien le moins quand toi-même tu te mêlesa à la fête des fêtes que tous les peuples, et le nôtre en particulier, saluent avec reconnaissance, comme l’avènement du genre humain. Vive la république ! Je vais profiter de la fête pour être malade à mon aise. Il est probable que je me coucherai dès que tu seras parti au banquet [1]. J’espère que ces quelques heures de repos, hors de tous, me ferontb du bien et que je pourrai assister à Ruy Blas [2] demain. Je te recommande de ne pas faire d’imprudence ce soir, surtout en sortant, car il y aura, nécessairement, une grande différence entre la température de l’intérieur et celle du dehors. Je te supplie de te garder des refroidissements et de revenir dès que le banquet sera terminé afin de ne pas prolonger mon inquiétude et de m’aimer là-bas autant que je t’adore ici.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 136
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « mêle ».
b) « ferons ».