Guernesey, 12 janvier 1861, samedi matin, 9 h. ½
Bonjour, mon adoré petit homme. Bonjour et puissiez-vous m’apporter tout à l’heure de bonnes nouvelles de votre gorge [1] et de votre nuit. En attendant, je constate avec reconnaissance envers Dieu la mansuétude et la douceur de l’air ce matin. C’est presque un temps de mois d’avril et j’espère que cela va te guérir tout à fait et pour de BON. Quant à moi je vais on ne peut pas mieux [illis.] il me manque la joie de te savoir tout à fait hors de toute souffrance. Si cela pouvait être passé tout à fait aujourd’hui je n’aurais plus rien à désirer que la continuation de ton amour qui est ma vie. Je t’attends avec impatience pour savoir comment tu as passé la nuit. Puis il faut que je me dépêche pour être prête à recevoir tantot la visite de l’abbé Le Menant, visite dont je l’aurais fort dispensé si je n’avais pas craint d’attirer son attention d’une manière fâcheuse, ce qui serait encore pire que de passer inaperçue dans la tournée propagandiste... Je le recevrai dans la salle à manger, le seul endroit où je puisse faire du feu sans déranger ton travail et puis j’espère que la visite tournera court et que cela ne te fera perdre aucun de tes bons moments [illis.]. Je finis par où j’ai commencé : je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 11
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette