Paris, 17 avril 1882, lundi matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, ta bonne nuit s’emboîte avec la mienne qui a été excellente et j’en suis doublement contente. Je vois, même, sans un profond désespoir, le temps morose de ce matin parce qu’il me fait espérer le retour très prochain de tes chers enfants [1]. Le bon Dieu sait ce qu’il fait surtout quand il rapproche les petits-enfants du grand-père. J’ai reçu une lettre très aimable de Bienvenu [2] du Tintamarre qui me dit qu’il ne pourra être des nôtres demain mardi pour cause de fête de famille ; mais qu’il serait heureux si nous voulions bien lui permettre de venir avec sa femme et ses enfants l’autre mardi 25 avril. Je vais lui répondre séance tenante que nous comptons sur eux ce jour-là. En attendant je vais faire faire le plus possible l’intérim des absents par ceux de nos dévoués qu’on peut inviter au pied levé comme les bons Lesclide et autres. Je désirerais, aussi, que tu me conduisesa aux magasins du Louvre avant la rentrée du Sénat pour divers achats PERSONNELS qui urgent et dont j’ai le plus grand besoin comme, par exemple, des bas et des souliers, etc., etc., etc., etc., etc.b pantoufles ! Tu es trop juste pour me refuser ce léger service qui ne te coûtera qu’un peu de patience et de lecture de journaux : en attendant je te souris et je t’aime UNGUIBUS ET ROSTRO [3]. Attrapéc ! Ça vous apprendra à douter de mon latin.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 56
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « conduise ».
b) Les cinq « etc. » courent jusqu’au bout de la ligne.
c) « attrappé ».