Guernesey, 20 mars [18]63, vendredi, midi ½
Il ne me reste plus rien de tout l’argent que tu m’as remis hier, mon cher petit homme, car je viens d’envoyer à Mlle Nicolle [1] l’argent du manteau : 250 [f. ?] plus le montant de la petite note 189 [f ?] 16, me voici à jour tout à fait mais, hélas ! pas pour longtemps car le mois d’avril n’est pas loin. Mais il ne faut pas prévoir les besoins de si loin c’est déjà bien assez de pourvoir à ceux du moment. Je suis bien contente, mon cher bien-aimé, d’avoir régularisé ma situation vis-à-vis de toi et de ta famille. Maintenant je peux mourir sans inquiétude, sûre que je suis qu’on ne te tourmentera pas pour te reprendre ce que je te donne de si bon cœur, autant comme restitution que comme don et comme dot de notre mariage au ciel. En attendant ce moment, qui est peut-être plus proche que nous ne croyons, je te bénis, mon cher adoré, pour tout le bonheur que tu m’as donné en ce monde. Je te baise de l’âme.
J.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 74
Transcription de Chantal Brière