Guernesey, 20 avril [18]63, lundi après-midi, 2 h. ½
Que faites-vous et où êtes-vous, mes chers Hauteville Housins [1] ? Voilà une demia heure que je vous attends le manteau sur les épaules et le chapeau sur la tête et comme ma sœur âne je ne vois que mon jardin qui poudroie et mon prunier qui verdoie [2]. Si c’est ainsi que vous entendez l’exactitude, je ne vous en fais pas mon compliment. Du reste vous voyez que j’emploie mon temps et que rien n’est perdu pour mon cœur pendant votre absence. Il est plus que probable d’ailleurs que cette maison [3] ne peut me convenir vu qu’elle sera déjà louée ainsi que nous le disait le jeune et charmant François VIQUETOR. Mais cela m’est égal du moment où c’est un prétexte de sortie avec toi et avec lui. Quand je dis sortie c’est une manière de parler car jusqu’à présent rien ne prouve que vous viendrez tous les deux. Je flaire d’avance quelque obstacle imprévu qui vous empêchera d’accomplir ce projet. Mais quoi qu’ilb en soit je vous sais gré de l’avoir eu et je vous aime avant, pendant et après.
J.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 101
Transcription de Chantal Brière
a) « demie ».
b) « quoiqu’il ».