Paris, 7 juin [18]79, samedi matin, 5 h.
Cher bien-aimé, je désire que mon insomnie soit pour toi un bon somme prolongé. Quant à moi, de guerre lasse, je me lève pour tâcher d’apaisera mon agitation et mon agacement nerveux, ce qui me sera facile en pensant à toi et en t’aimant comme je le fais en ce moment, de tout mon cœur et de toute mon âme. J’ai déjà constaté que la lettre dont te parlait hier soir Mme Lockroy était placée parmib les lettres à répondre urgentes et pressées et ce n’est pas ma faute si le temps te manque pour satisfaire à toutes les exigencesc de tous ceux qui se tournent vers toi, qui pour te demander l’aumône, qui pour t’offrir tous les hommages, toutes les présidences d’honneur, toutes les admirations et toutes les adorations. J’en sais quelque chose, moi, qui suis la plus mal chaussée de tes cordonniers. Toujours est-il que je tiens à ta disposition, à toute heure, les lettres, les livres, les brochures et les journaux qui te sont envoyés sans en retenir ni en égarer un seul. Je ne peux pas faire plus ni mieux. Dès que ma porte sera ouverte, et que L’Officiel [1] sera arrivé, je te consulterai pour savoir queld est l’ordre du jour aujourd’hui au Sénat et ce que contient son sommaire afin que tu décidese, en connaissance de cause, si tu dois aller à Versailles aujourd’hui ou t’en abstenir. Pour ma part j’aimerais mieux n’y pas aller à cause de la représentation de Notre-Dame de Paris [2] ce soir dont je tiens à voir la première scène si c’est possible. En attendant je prépare mes clics et tes clacs pour ne pas arriver en retard à ce spectacle intéressant à tous les points de vue et pour moi en particulier qui admirais Notre-Dame de Paris avant d’en admirer l’auteur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 144
Transcription de Chantal Brière
a) « appaiser ».
b) « parmis ».
c) « exigeances ».
d) « qu’elle ».
e) « décide ».
Sénat
Ordre du jour du samedi 7 juin
À une heure et demie – Réunion dans les bureaux pour la nomination d’une commission pour l’examen de la proposition de M. Hérold, relative à l’enseignement dans les facultés de droit (no 410, session 1878, 191, session 1879).
À deux heures séance publique.
Première délibération sur le tracé d’un chemin de fer, rapporteur M. le général Guillemeaut, rapporteur.
Première délibération sur le projet de loi pour la protection du balisage sur le littoral (n° 104-200, session 1879. M. l’amiral marquis de Montaignac rapporteur)
Deuxième délibération sur la proposition de loi de M. Jules Favre sur la constitution et l’administration des tutelles (no 293-406, session 1878, et no 133, session 1879.- M. Jules Favre rapporteur).
BnF, Mss, NAF 16400, f. 145
Transcription de Chantal Brière