Paris, 28 mars [18]79, vendredi matin, 8 h. ½
Cher bien-aimé, je suis allée ce matin jusqu’auprès de ton lit pensant que je pourrais apprendre de toi-même comment tu avais passé la nuit ; mais tu dormais si profondément que je me suis contentée de bénir ton rêve et de te baiser des yeux et de l’âme et je me suis retirée sur la pointe des pieds pour ne pas te réveiller. J’ai tant à faire ce matin pour être prête quand tu iras à ta répétition [1] que je n’ai que le temps bien juste de te bâcler ma restitus dare-darea au hasard de la plume qui n’est pas très habile, même quand j’y mets le temps. Je ne sais pas encore ce que tu décideras quant à la manière de t’attendre et de te retrouver. Vacquerie pense que je peux, que je dois assister, maintenant, à toutes les répétitions dernières. Mais cela ne suffit pas sans ton suprême consentement. Je l’implore et je l’espère et je t’adore.
[Adresse :]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 84
Transcription de Chantal Brière
a) « dar dar ».