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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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7 août 1858

Guernesey, 7 août 1858, samedi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, mon adoré petit homme, bonjour je t’adore. Voilà bientôt vingt-six ans que je te donne ce bonjour quotidien de mon cœur et il me semble que c’est toujours pour la première fois que mon amour se livre sur ma vie. Peut-être le soleil a-t-il tous les matins la même illusiona par rapport à la terre ?
Comment as-tu passé la nuit, mon cher bien-aimé ? Tu me paraissais hier un peu soucieux et fatigué, quoique tu t’en sois défendu, mais j’espère que la nuit t’aura reposé et calmé et que tu ne sentiras en te levant que le bien-être de la guérison. En attendant, je me dépêche de faire tenir toutes mes petites occupations de la journée dans la matinée pour être tout entière au bonheur d’être auprès de toi quand tu viendras tantôt. Pense à moi, mon Victor, je t’aime. Soigne-toi bien et sois heureux. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 214
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « allusions ».


Guernesey, 7 août 1858, samedi soir, 7 h.

Il m’est impossible d’échapper à un sentiment d’indicible tristesse chaque fois que je me sépare de toi le soir, mon pauvre petit souffrant, quoique je sache que tu vas mieux et que les petits malaises que tu ressens le soir ne sont dusa qu’à la fatigue de la journée, que ta grande faiblesse ne saurait empêcher, je le sais. Je sais aussi que ma présence auprès de toi ne saurait t’épargner aucune de ces souffrances ni t’épargner aucune fatigue et cependant, j’éprouve les mêmes regrets et la même tristesse que si mes soins pouvaient te délivrer de tout mal et te guérir instantanément. Quand donc me seras-tu rendu tout à fait, mon cher adoré ? Quand pourrai-je reprendre avec toi nos chères petites promenades du soir ? Je donnerais la moitié de ce qui me reste à vivre pour que ce fût aujourd’hui même. Malheureusement, Dieu n’accepte pas ces marchés-là et il faut me résigner à attendre que tu sois tout à fait guéri et que tes forces soient revenues, tâche que ce soit bientôt. Jusque-là, je t’adore.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 215
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

a) « dûs ».

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