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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 août 1858

Guernesey, 6 août 1858, vendredi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon bon petit bien-aimé, bonjour mon cher petit convalescent de mon âme, bonjour, je t’adore. J’espère que tu as passé une bonne nuit et que tu passeras une journée meilleure encore. Je dispose d’avance mon petit logis, pour que tu n’aies qu’à t’installer le plus commodément possible. J’ai sorti de leur armoire toutes les photographies mais je doute que tu puisses trouver une seule épreuve assez bonne pour être placée dans le livre de ton brave docteur, du moins parmi celles que mon avarice consent à regret à mettre à ta disposition. Quant aux autographes, sans y tenir avec cette même rapacité, je crains de n’avoir pas le temps d’en trier quelques uns parmi tous les papiers et toutes les lettres où ils se trouvent mêlés. Cependant, j’essaierai pour avoir le plaisir de contribuer pour ma petite part à cette œuvre de reconnaissance dont la somme tout entière est au fond de mon cœur avec mon amour pour toi.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 212
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 6 août 1858, vendredi soir, 8 h.

Voilà deux heures que tu m’as quitté, mon cher bien-aimé, et je suis presque aussi triste et aussi impatiente de te revoir que s’il y avait deux mois, tant les heures de ton absence me pèsent. En revanche, le temps trop court que tu passes auprès de moi me paraît si doux et si léger, si plein de lumière et de bonheur que je ne m’aperçois de sa durée qu’au moment où tu me quittesa. Aujourd’hui est un de ces jours bénis entre tous les autres car tu es venu de bonne heure et j’ai pu ne pas quitter une minute le bord de ton fauteuil. De son côté, le bon Quesnard fait tout ce qu’il peut pour te distraire et ce n’est pas sa faute si le Guizot [1] n’est pas plus amusant. Mais il est impossible d’avoir plus de complaisance, d’obligeance et de SALIVE que ce bon gros Quesnard-là. Dès que tu seras tout à fait guéri, je compte l’augmenter d’une breloque dont il pourra battre tant qu’il voudra. En attendant, je t’aime plus que plein mon cœur et de toute mon âme et avec mon moi supplémentaire de l’autre vie. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 213
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « quitte ».

Notes

[1On ne comprend guère l’allusion.

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