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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 septembre [1844], jeudi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon cher petit Toto. Bonjour le plus grand, le plus doux, le plus beau, le plus noble, le plus charmant et le meilleur des hommes, bonjour, bonjour. Je te vénère, je t’admire, je te glorifie, je t’aime et je t’adore à tous les instants de ma vie. J’ai le cœur plein de reconnaissance et d’amour. Il faut bien que j’en verse le trop plein sur ce papier.
Comment vas-tu mon adoré, comment vont tous les élus de la Place Royale y compris Champs-Lysées [1] ? J’espère que tu viendras me le dire avant d’aller à l’Académie tantôt ; j’y compte, c’est ce qui me donne ce bonheur et cette gaieté anticipés.
J’ai reçu une lettre de Brest. Ma sœur commence à se lever et j’en suis bien contente, pour elle, d’abord, la pauvre femme, et pour toute sa petite famille. L’Alboize continue d’être très reconnaissant et se prépare à se rendre à son nouveau poste. Voilà, mon cher amour, les nouvelles officielles du Finistère.
Il fait un temps à manger tout cru. Pourquoi faut-il que tu sois si peu prêt à en profiter ? Je n’ose pas compter plus sur demain que sur lundi. Cependant, j’ai bien besoin d’une journée d’amour et de tendresse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 187-188
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette


26 septembre [1844], jeudi soir, 6 h.

Je vous aime, mon petit Toto chéri, mettez cela dans votre journal. J’ai vu Mme Tissard et le petit enfant de Mme Pierceau tout à l’heure. Elle venait m’apporter le couvercle de la timbalea de sa pauvre cousine. En même temps, je lui ai donné 10 F. acompte quoiqu’il n’y eût pas tout à fait deux mois d’échus. Il ne reste plus que 20 F. à donner. Du reste, la pauvre créature a la même maladie que sa cousine et M. Triger doit l’opérer dans huit ou dix jours. Quelle famille, grand Dieu ! On n’ose pas penser à ce que deviendrait ce pauvre petit être si chétif si cette malheureuse femme venait à manquer. Elle ne paraît pas aussi tourmentée que je le serais à sa place si une pareille chose m’était révélée. Il y a des grâces d’état et c’est fort heureux que la pauvre femme les aitb en cette circonstance. Cette pauvre femme m’a toutc attristée car elle m’a rappeléd cette infortunée Mme Pierceau causant aussi fort tranquillement des opérations qui abrégeaient sa vie.
Pauvre adoré, je te demande pardon de t’entretenir de choses si tristes. Mais j’ai si fort l’habitude de te dire toutes mes impressions quelles qu’ellese soient que je me suis laissée aller à celles-ci qui ne sont rien moins que gaies. Je t’aime mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 189-190
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « timballe ».
b) « aient ».
c) « toute ».
d) « rappelée ».
e) « quelqu’elles ».

Notes

[1Champs-Lysées semble être un chat adopté par Victor Hugo, si l’on en croit les indications données par la lettre du 25 septembre 1844.

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