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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 avril 1849

6 avril [1849], vendredi matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon Toto, bonjour, mon très charmant petit homme, bonjour, je vous aime à la face du soleil qui cherche à me donner dans l’œil dans ce moment-ci, mais vous êtes mon amour préféré, bonjour. J’ai été bien contente hier des deux petites heures que tu m’as données, je les aurais vouluesa meilleures encore mais cela paraît bien difficile. Enfin je m’en contente pour le moment quitte à devenir plus exigeante une autre fois. D’abord je ne vous laisserai pas tranquille avant que vous ne m’ayez donné ma culotte. Je vous ôterais plutôt la vôtre en pleine Assemblée nationale que de m’en passer. Aussi voyez le risque que court votre pudeur de représentant et ne vous exposez pas à un attentat sur votre inviolabilité politique et autre. Vous voyez qu’il vient un moment où l’exaspération ne peut plus se contenir et ma foi tant pire pour qui se trouve dessous. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas averti, sommé et assommé d’avoir à tenir votre promesse ! Maintenant supportez-en les conséquences sans vous plaindre, car vous ne méritez plus aucun égard, ni aucune pitié. La patience et l’indulgence ont des bornes absolument comme le gouvernement de la République. Cher petit homme, tout ce ramage veut dire que je vous aime et que je serais bien heureuse de vous le prouver en chair et en os, comme une simple Juju et sans le secours d’une plume d’oie, ce qui est toujours un bête de moyen. Tâchez donc de me mettre à même le bonheur, ne fût-ceb qu’un seul jour, pour que je m’en donne à cœur joie et à bouche que veux-tu ?

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 85-86
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « je les aurais voulu ».
b) « fusse ».


6 avril [1849], vendredi midi

Si tu étais bien avisé, mon amour, tu tournerais ta charmante petite tête de mon côté pour que mes baisers te tombent tout rôtis dans ton cher petit bec, mais probablement tu es occupé de bien autre chose que de la bagatelle d’une pauvre Juju qui t’adore. À tout hasard pourtant, je t’envoie mes pensées sortant toutes rissolantes de mon cœur. Fais-en ce que tu pourras et ce que tu voudras, cela ne me regarde plus du moment où je te les ai données. Je suis bien aise qu’il y ait commission des auteurs [1] aujourd’hui, cela me donnera l’occasion de sortir avec toi, ce que je n’aurais pas eu aujourd’hui sans cela. Il est vrai que ce bonheur sera bien fugitif et bien court, mais j’espère que tu le rallongeras ce soir en venant passer quelques heures auprès de moi. Il me semble que le Vendredi Saint il doit y avoir peu de visites ? Après cela, la politique ne respecte rien et il est encore très probable que tu seras pris toute la soirée par les importuns de cette espèce. Dans tous les cas tu sais que je ne peux pas avoir de bonheur sans toi. Je livre ceci à ta conscience d’honnête Toto.
Jusque-là, je ne peux que te désirer et t’aimer de toutes mes forces et de toute mon âme. Il me semble que tu m’avais promis de me donner à copier ? Pourtant depuis que je t’ai rendu la première copie tu ne m’as rien rapporté. Ce serait pourtant bien le moment maintenant que les jours sont longs. Tâche d’y penser, mon petit homme, et apportea-moi bien vite beaucoup de belles choses à COPIRE, tu me rendras bien heureuse.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16367, f. 87-88
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « apportes-moi »

Notes

[1Commission des auteurs et compositeurs dramatiques, dont Victor Hugo est le président durant l’année 1848-1849. Son mandat prend fin le 6 mai 1849.

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