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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 24 février [18]79, lundi matin, 8 h.

Cher bien-aimé, il me serait doux d’apprendre que tu as passé une bonne nuit et même que tu dors encore, aussi je guette la sortie de Mariette de sa chambre. En attendant j’ai déjà lu quelques lettres intéressantes : une de Bérardi [1], qui te remercie avec une vraie effusion de reconnaissance de l’envoi de ton livre qu’il reçoit en retard mais dont il est bien fier et bien heureux, ce que je comprends de reste. Une de Laurent Pichat [2] non moins reconnaissante et non moins ravie et une lettre de Deschanel, à moi adressée, qui me charge de te dire qu’il a passé la nuit à lire ce prodigieux et sublime poème, La Pitié suprême, qu’il l’a relu et le relit encore pour la troisième fois et plus il le relit plus il admire et plus il est éblouia : « il y a déjà quarante et un ans, dit-il, que j’ai donné pour devise à Victor Hugo ces deux mots de Sénèque : magnitudo cum mansuetudine, la grandeur avec la mansuétude. »
J’ai le pas sur lui dans mon admiration car voilà quarante-six ans accomplis que je t’adore sans broncher et je suis décidée à mourir dans l’impénitence finale de cette adoration-là. Tant pis pour moi je me risque.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 54
Transcription de Chantal Brière

a) « éblouit ».

Notes

[2Léon Laurent-Pichat (1823-1886), homme politique et homme de lettres, fervent admirateur de Hugo et de Flaubert. Élu sénateur, il attachera son nom à l’amnistie des communards et à la défense des libertés.

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