1er janvier [1849], lundi, 10 h. du matin
Bonjour, mon âme, bonjour ma joie, bonjour mon bonheur. Je viens de passer sous tes croisées en allant et en revenant de la messe et je t’ai envoyé des yeux et de la pensée tout ce que j’avais de meilleur dans le cœur. Maintenant c’est à toi, mon amour, de m’envoyer un petit morceau d’amour, voilà déjà bien des fois depuis ce matin que j’ai demandé des nouvelles de la poste. Rien, toujours rien. Tout à l’heure j’ai [eu] une fausse joie : c’est la portière avec une lettre, mais hélas ce n’était pas celle que je désirais et la pauvre mère Luthereau a été accueillie avec une effroyable moue. Mais aussi pourquoi s’avise-t-elle de montrer le bout de son nez quand c’est le vôtre que j’attends et que je désire voir ? Cela lui apprendra à ne pas me faire de fausse joie. En attendant, mon Victor adoré, que ta chère petite lettre m’arrive [1], je te donne tous les baisers que je contiens.
Juliette
MVH, a9036
Transcription de Florence Naugrette